« Le sang qui baigne le cœur est pensée »[1]
« Qui a un corps apte au plus grand nombre d’actions, a un esprit dont la plus grande partie est éternelle »[2]
A tous les bons lecteurs doués d’oreille
et de cette qualité si rare qu’est la rumination…
« On ne s’intéresse pas assez au corps des écrivains : il a la même importance que leurs livres. (…) Le corps, donc, pas l’image. Ce corps là, cet ensemble de gestes ou d’intonations, ce système nerveux là. (…) Il y a bien continuité de tissu et de rythme entre les livres et la façon dont le corps qui les a écrits marche, parle, se tait, apparaît, disparaît. »[3]
Nous cherchons l’écrivain à travers son texte et voici que Philippe Sollers nous présente son corps. Continuité – de « tissu » et de « rythme » – entre les mots qui font corpus et ce corps pris dans ses mouvements, sa parole, sa manière d’être là. Corps et langage.
Ou comment faire entendre, au plus juste, tout ce qui (se) joue dans l’expérience de notre corps. Qu’est-ce à dire ? Que ce tissu de sensations et de perceptions n’a de cesse en l’homme de se moduler à travers des signes et singulièrement des mots. Ce corps articulé fonde l’écriture. Et plus généralement, le cours de la pensée.